Deuxième petite sortie de l'automne, j'ai amené les enfants découvrir une grotte. Voilà un atout des Alpes du Sud, intensément calcaires, que l'eau a façonnées en surface et en dedans. C'est particulièrement le cas des Préalpes d'Azur, qui se dressent au dessus de Grasse avec leurs plateaux de causses. Il en existe plusieurs aménagées à la visite, nous avons jeté notre dévolu sur la grotte de la baume obscure, à Saint-Vallier-de-Thiey.

Bon choix en ce qui concerne le côté familial : nous sommes accueillis par une tête de dinosaure et les explications du personnel sont plutôt ludiques. La visite de la grotte, quant à elle, a de quoi faire flipper les plus jeunes : elle est semi-autonome, c'est à dire qu'une minuterie se met en marche à partir de l'ouverture de la porte d'entrée et commande les lumières (+le son) à chaque étape de la visite. Autrement dit, il ne faut pas trainer derrière, sous peine de se retrouver dans le noir jusqu'au prochain passage de visiteurs... Sachant que nous étions le dernier départ de la journée.

Interdiction d'uriner dans la grotte. C'est vrai que niveau aération c'était pas idéal

Ceci dit, j'ai beaucoup apprécié cette aventure : la minuterie pas toujours très claire (certains passages sont des spectacles en son et lumière et demandent un arrêt du groupe à un certain endroit) apportait un petit frisson, un sentiment de vulnérabilité que je n'avais jamais ressenti dans une grotte. Et pourtant, quoi de moins naturel que de s'enfermer sous le sol dans une cavité aux proportions changeantes, absolument pas faite pour l'occupation humaine ?

L'autre point fort de la grotte, c'est qu'il s'agit d'un petit site. Le boyau suivi est rarement plus large que deux personnes de front, il monte et descend, frôle des ravins, passe à côté de cascades... Un vrai parcours aventure qui a son entrée et sa sortie distinctes. A la file indienne, nous avons exploré les tunnels humides, fait des choix dans l'unique carrefour (pression de la minuterie !) et aidé les plus jeunes dans les escaliers. Nous sommes ressortis sales, fatigués et avec une bosse pour ma part (piège d'un plafond bas dans la montée finale)... Mais victorieux de l'aventure. Les visites de grottes gagnent à être des aventures.

Enfin. Presque 5 ans après notre arrivée sur la Côte d'Azur, nous visitons Eze. Ce petit village au nom si court est l'un des must-see de la région. Il faut dire qu'il cumule tout ce que la Riviera Française apporte de waouh : une falaise qui tombe dans la mer, un village perché façon nid-d'aigle, des vieilles pierres ornées de plantes et une vue affolante sur l'horizon, de l'Estérel à l'Italie.

Le prix à payer, c'est que le lieu vit manifestement de visiteurs d'un jour qui viennent souvent du monde entier et incluent Eze dans un parcours express du Sud de l'Europe. Eze possède le full package galeries d'art hors de prix / boutiques de souvenirs qui vendent des cartes postales de toute la Provence y compris des lieux à des centaines de kilomètre / restaurants chics / selfistes / embouteillages de piétons dans les ruelles étroites. Vous me voyez venir avec ma râlerie sur les lieux trop touristiques.

Heureusement qu'à Eze, le panorama est vraiment fou. Il y a tellement de vue que tout le monde en aura facilement un bout, même s'il faut jouer des coudes sur le chemin. Le splendide jardin tropical qui chapeaute la ville en est le meilleur exemple : queue pour y entrer, foule dans les escaliers étroits et slalom délicat entre les cactus, mais quelle récompense ! Pour ceux qui arrivent à décoller leurs yeux de l'horizon, le jardin en lui-même est un petit bijou avec ses ponts, ses grottes, ses passages secrets et ses moult espèces de cactus. Enfin, à condition de slalomer entre les selfistes. Pour en profiter pleinement, la basse saison est recommandée (notre visite date des vacances la Toussaint : quand je dis basse, c'est plutôt le mois de janvier).

Notre weekend à Lyon n'était pas qu'une affaire de foule : nous y avons aussi fait une belle découverte. L'ancien Hôtel Dieu, réhabilité il y a une dizaine d'années, accueille désormais une diversité d'activités dans un cadre historique préservé, en plein centre-ville, sur la rive du Rhône. Centre commercial, boutiques de luxe, restaurants et équipements culturels sont désormais concentrés dans ce décor historique bien préservé. 

La visite avait bien commencé avec la chapelle, qui proposait pour l'occasion des journées du patrimoine des activités et une exposition autour de la sérigraphie (impression sur soie). La soie et le textile ayant marqué l'histoire industrielle de Lyon, j'étais ravie de découvrir l'héritage vivant de cette période apprise dans mon école primaire rhônalpine.

Mais surtout, l'Hôtel Dieu héberge la Cité de la Gastronomie, une visite familiale parfaite ! Difficile de décrire ce musée autour de la cuisine, des arts de la table et du bien manger. En fait il s'agit plus d'une expérience à vivre que d'un musée au sens traditionnel du terme : les salles d'expositions sont remplies de bornes interactives où l'on peut tester la régularité de son geste au fouet ou au rouleau à tarte, compléter une pièce montée dans un temps imparti, évaluer ses connaissances en matière d'association de saveurs, tout savoir de la chimie du bouillon...

Dix pas plus loin, c'est l'Histoire qui est à l'honneur avec une pharmacie d'origine et des salles à manger dressées pour une grande occasion. Encore quelques pas, et voici une expérience immersive de banquet où des projections donnent vie aux plats et aux émotions associées à la dégustation, au fil d'un repas de fête. Des odeurs sont même distribuées par la table !

Et que dire du dernier étage, dédié aux enfants ? Là se trouvent un pouf découpable en forme de Saint-Marcellin, des cabanes qui projettent illusions d'optique et sons, et la plus grande cuisinière pour enfants que vous verrez probablement jamais. Difficile pour les petits d'en repartir !

Voilà longtemps qu'on ne s'était pas fait un weekend de visite dans une grande ville. Le genre de petit voyage devenu rare avec la parentalité ! C'est une réunion entre amis qui nous a donné cette opportunité : mine de rien, les années nous ont séparé dans l'espace et Lyon était un excellent compromis surface - temps d'accès. La date choisie du weekend, en revanche, n'était guère stratégique : nous sommes tombés en pleines journées du patrimoine. 

Deux jours, c'était très court pour nous donner un aperçu des différents quartiers de l'immense centre-ville lyonnais, découpé par le Rhône et la Saône. Il y a déjà le quartier de la Part-Dieu, point de départ idéal car proche de la gare et riche en hôtels et restaurants. Pourtant rhônalpine, j'avoue : je n'avais jamais mis les pieds à Lyon hors de ce quartier, dont je connais bien l'immense centre commercial et la gare TGV.

L'exploration commence donc pour moi en marchant vers l'Ouest. Au bout de quelques dizaines de minutes on atteint les quais de Rhône, que l'on traverse pour arriver sur la presqu'île. Les commerces s'y font plus denses. Plus au Sud, c'est le nouveau quartier de Confluence que j'ai connu il y a longtemps, au travers de mes cours d'urbanisme. Nous n'aurons hélas pas eu le temps de pousser jusque là-bas, ce sera pour une autre fois.

En continuant tout droit vers l'Ouest, voici les quais de Saône. De l'autre côté, c'est le Vieux Lyon, le coeur touristique et le réceptacle de l'âme lyonnaise : ici se concentrent points de vue, traboules, bouchons et les principaux monuments historiques de la ville. Hélas pour nous, le quartier était noir de monde, les pavés impossibles avec une poussette, la queue pour le téléphérique décourageante. Nous avons renoncé à nous promener en groupe et, chose rare, j'ai carrément renoncé à ma visite et fait demi-tour dès que possible, façon GPS. Mon jugement n'est pas irrévocable : il faudra simplement que je revienne en des temps plus calmes, avec enfants plus grands, pour arriver à voir au-delà du parc d'attractions.

L'ultime étape de ce séjour estival en Vaucluse (il était temps de la chroniquer, vous me direz) se trouvait sur le chemin du retour. Non loin d'Orange, près du village de Sérignan-du-Comtat, se trouve un lieu à nul autre pareil dédié à l'Histoire et... Aux petites bêtes. Plusieurs raisons me faisaient penser que cet endroit relativement peu connu était un bon plan : deux enfants curieux, une semaine passée à observer cigales et scarabées, une balade sur les pentes du Mont Ventoux qui portait le nom d'un scientifique dont il s'agit ici de la maison : Jean-Henri Fabre.

Cet homme du Sud fait partie des illustres sudistes. Comme souvent au XIXe siècle, il est parti de peu et monté haut : fils de paysan, instituteur, puis professeur de physique, naturaliste renommé à Paris et écrivain, il est surtout connu pour son amour des insectes qui en a fait l'un des fondateurs de l'éthologie moderne. Jean-Henri Fabre a laissé derrière lui des livres, une renommée internationale plus forte qu'en France (notamment au Japon, om il a inspité romans et mangas !) et une vieille demeure provençale, qu'il appelait son harmas.

C'est cette bâtisse et ses dépendances qui se visitent aujourd'hui. On y voit des meubles anciens, des expositions d'oeuvres (aquarelles, textes et même films) et surtout un impressionnant cabinet de curiosités digne d'un museum d'histoire naturelle - le site appartient d'ailleurs au MNHN. Coquillages, nids et oeufs, ossements et bien sûr une galerie d'insectes et papillons épinglés et encadrés envahissent le bureau, dans lequel le meuble éponyme occupe une place miniature.

Aménagé et paysagé avec soin, le jardin n'est pas à négliger. On y voit des fleurs, un point d'eau rempli de nénuphars et lotus, des cigales sur les arbres (en été), une petite tortue terrestre que les enfants ont pu nourrir de fleurs et divers mécanismes futés utilisés par le propriétaire des lieux pour observer le comportement des insectes. Mention spéciale pour le pourrissoir qui permettait d'observer les insectes nécrophages en limitant les désagréments de la chair en décomposition.

Bref, il y a tant à dire sur ce site qui a de quoi ravir petits et grands curieux de la nature. Et que dire du Naturoptère, ce lieu atypique aménagé face au harmas ? Dédié avant tout aux enfants, il explique de manière ludique le monde des insectes, en expose certains dans des vivariums et propose un jardin interactif pour comprendre les éléments. On y est arrivés beaucoup trop tard pour en profiter, malgré le grand enthousiasme des enfants : encore un lieu que l'on pensait visiter en coup de vent et qui aurait mérité une journée avec pique-nique inclus. Voilà qui terminait une semaine en Nord-Vaucluse décidément pleine de bonnes surprises.

Lorsqu'on fait du tourisme dans le Sud-Est, on n'est jamais loin d'un village classé. Du côté du Nord Vaucluse le plus proche est Séguret. Posté sur le contrefort qui forme les dentelles de Montmirail, il offre de belles vues sur ces dernières et sur la plaine du Rhône en général. 

Le village offre tout ce qu'on attend d'un "plus beau village de France" : ruelles pavées, escaliers et passages secrets, belvédères avec vue, décoration soignée et même un ancien château fort qui nécessite une petite marche (nous avons dû y renoncer pour cause d'heure tardive et coucher de soleil imminent, malgré une forte envie). Parfait pour une petite balade d'une heure ou deux sans heures sup pour cette fois - il faut bien varier les plaisirs. 

Etape suivante de l'exploration du pays du Ventoux : pour changer et reposer les jambes, nous nous sommes tournés vers une visite culturelle pas très loin de chez nous. Direction le château du Barroux, dans le village du même nom.

Le château est un succès garanti pour un enfant de six ans, d'autant plus lorsqu'il a bien gardé son armature médiévale. Bingo : la forteresse du Barroux domine le village de ses murailles de pierre et l'intérieur a gardé son cachet d'antan entre sa cour intérieure, ses pièces spatieuses, ses escaliers tortueux et ses fenêtres ciselées donnant sur la cîme du Ventoux (mais d'où ne le voit-on pas par ici ?).

Le bonus pour l'adulte que je suis, c'est l'aménagement tout artisanal de la visite. Les propriétaires du château sont tout autant amateurs d'histoire que producteurs de whisky, et l'on sent que les moyens limités contraignent la rénovation des espaces. Tout ne se visite donc pas, mais la visite reste très riche car les murs accueillent des expositions, notamment sur les savoir-faire locaux (whisky, mais aussi petit épeautre dont la culture est ancienne dans la région).

Le château propose également un café très classe, une boutique qui met à l'honneur les productions locales (dont le whisky bien sûr) et... cette pièce magique remplie de grosses briques de construction qui a stoppé net les enfants dans leur exploration, nous coûtant une bonne demi-heure de visite. Il n'y a donc vraiment pas de quoi s'ennuyer.

Moralité de ces vacances : dans le Vaucluse il n'y a pas de petite visite, même lorsqu'on pense viser petit.

Lorsqu'on fait du tourisme dans le Sud-Est, on n'est jamais loin d'un village classé. Du côté du Nord Vaucluse le plus proche est Séguret. Posté sur le contrefort qui forme les dentelles de Montmirail, il offre de belles vues sur ces dernières et sur la plaine du Rhône en général. 

Le village offre tout ce qu'on attend d'un "plus beau village de France" : ruelles pavées, escaliers et passages secrets, belvédères avec vue, décoration soignée et même un ancien château fort qui nécessite une petite marche (nous avons dû y renoncer pour cause d'heure tardive et coucher de soleil imminent, malgré une forte envie). Parfait pour une petite balade d'une heure ou deux sans heures sup pour cette fois - il faut bien varier les plaisirs. 

Le mont Ventoux est un bout de (presque) haute-montagne dans la plaine. Premier grand contrefort des Alpes en Provence, il offre à la plaine du Rhône son profil volcanesque et ses pierriers à l'allule de neiges éternelles. Et ce n'est pas qu'une impression de loin : monter au sommet du Ventoux, c'est prendre le risque d'arriver au milieu des nuages ou se prendre des rafales de vent à décoller du sol. 

Pour randonner sur le Ventoux, il vaut donc mieux regarder la météo, ou cibler le plus calme Mont Serein, 500m en contrebas, comme nous l'avons fait. Cette petite station d'altitude apprend à attirer des visiteurs estivaux pour anticiper la baisse de l'enneigement hivernal, et a développé des sentiers de découverte accessible à tous, y compris aux enfants. Au programme : pique-nique et marche dans la forêt avec panneaux explicatifs de la faune et flore locales, points de vue sur les Alpes du Sud et les Baronnies provençales... Et une bonne glace en récompense pour les petits marcheurs à l'arrivée (avouons-le, les snacks sont le gros avantage de la rando depuis une station d'altitude). 

Pour conclure notre petit tour familial, nous avons repris la route jusqu'au sommet du Ventoux pour y trouver... Brouillard, vent et une température à sortir en catastrophe les vestes du coffre. Mais la danse des nuages dans le vent, le panorama qui se dérobait, le froid subit... Valaient pour autant le déplacement. La prochaine fois on sera fous, on marchera du Mont Serein jusqu'au sommet.

Attention, bonne surprise. Nous pensions aller faire un rapide tour à Vaison-la-Romaine, pour découvrir son centre-ville et grapiller quelques vues des vestiges romains qui l'ont rendue célèbre. Et... Nous y avons passé la journée.

Commençons par la ville romaine. Les vestiges à voir sont nombreux et imposants, certains étant en libre-accès comme le célèbre pont sur l'Ouvèze avec ses 2000 ans d'âge. Soyons honnêtes, le plus intéressant se trouve dans deux enceintes dont l'entrée est payante, mais c'est sans regrets pour l'investissement.

Déjà, nous avons eu droit à un jeu de piste pour enfant invitant à faire un tour à peu près complet du complexe, des grandes domus au quartier marchand en passant par l'immense théâtre, qui nous a grandement aidé à garder un semblant d'attention côté loulous. Ensuite, le parc inclut un musée qui n'est ni trop grand ni trop explicatif, mais sert surtout à exposer les objets et statues trouvées lors des fouilles. Ici, on devine une autre façon de vivre avec son autre religion, ses autres coutumes, ses égoûts et ses latrines... Et on apprend qu'une bonne partie de cette ancienne ville se trouve encore sous les pavés de la cité moderne.

On pourrait penser que la visite s'arrête ici. Erreur ! Un tour en centre-ville et nous voici au dessus de l'Ouvèze, puis sur sa rive opposée où fut refondée la ville pendant les guerres de religion (une butte facile à fortifier, tout le contraire de la rive romaine plate et accessible). La vieille ville médiévale est magnifique avec ses rues pavées et ses remparts, sa mini-cathédrale construite en doublon de celle de la ville basse et son immense château en ruines, hélas non visitable à date. La ville s'étant reconstruite sur la rive plate dès que les temps furent plus cléments, le village médiéval a gardé un charme et un pittoresque propre à ce qui a échappé à l'urbanisation des trente glorieuses. A ne pas manquer si vous visitez Vaison, qui n'est donc pas uniquement romaine !