Sorties en Belledonne (ou le romantisme des toponymes en montagne)
A l'origine de cet article, il y a deux petites randonnées dans le massif de Belledonne. Ce dernier est l'un des moins connus des Alpes (mais je me trompe peut-être, l'image d'un lieu est quelque chose de très subjectif !), entre autres parce qu'il est situé entre d'autres plus célèbres : Oisan, Bauges et Chartreuse. Pourtant, parce qu'il borde la vallée du Grésivaudan (celle qui relie Chambéry à Grenoble), c'est un lieu fréquenté - mais surtout par des gens du coin. Comme tous ses voisins, le massif de Belledonne a son identité propre. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur une carte IGN pour se faire une idée : relief assez anarchique, constellation de petits lacs et névés sur éboulis, remplaçant des glaciers disparus il n'y a pas si longtemps.
Assez pour la présentation. Ma réflexion part des deux récentes balades sus-mentionnées : la première avait pour objectif l'ascention du Galeteau, un de ces pics dont le nom nécessite recours à des moyens mneumotechniques pour s'en souvenir (je vous laisse imaginer). Ce dernier se situait au dessus du lac Crozet, lac qui, malgré son nom, se situe en Isère et non en Savoie (différence plus que notable pour les habitants des deux départements !!).
La deuxième balade visait à l'ascension du pic de la Belle Etoile. Un nom de sommet comme je n'en avais pas vu depuis très longtemps ! Romantisme certain, impression d'aller toucher le ciel... Voilà qui change de la grande majorité des toponymes montagnards !
Je m'explique.
Une grande partie des toponymes alpins (tous massifs confondus) est ouvertement descriptive : le Mont-Blanc, la Dent du Chat, le Dérochoir... On a certes une bonne idée de ce qu'on voit, mais ce n'est pas très imaginatif. Bof.
Pour une autre partie assez importante, on a du mal à visulaliser le pourquoi du comment de l'origine des toponymes : le Galeteau et le lac Crozet (on en bouffait sur place ou quoi ?) sus-mentionnés, plus autres col du Tricot ou Arcalod. Et j'en passe, les exemples ne manquent pas. Regardez des cartes !
Pire, certains toponymes ont pris, avec le temps, une signification assez cocasse : le Trou de la Mouche, le passage du Saix, le col du Mollard ou la Cascade de la Pisse (quoique pour cette dernière, on devine la vertu descriptive du nom ^^). PS : rendons justice au mot "saix" qui signifie simplement "pierre" en patois haut-savoyard. Quant à la molasse, c'est une pierre argileuse très répandue en Savoie...
Face à tout cela, la place des noms "cools" est mince ! Je passe les montagnes maudites et autres ponts du diables, dont les toponymes remontent à avant que les premiers grimpeurs ne fassent de l'alpinisme un sport à la mode. La Belle Etoile, c'est rare. Tellement rare, que le nom seul aide à s'enfiler les 1300 m de dénivelé dans les champs de myrtilles et les éboulis !
Et croyez-moi le jeu en vaut la chandelle : vue à 360° sur les massifs environnants et le Mont-Blanc qui pointe son nez...
Même si les plus belles randonnées ne sont pas les mieux nommées, ne sous-estimons pas l'importance des toponymes dans la sueur d'une balade. Pour plus de fun, grimpez donc au "Cornafion", histoire d'épuiser tous vos jeux de mots lourdingues sur la route. Ca aide à avancer ! :)