Le littoral est-il à tout le monde ?
A l'occasion d'un récent déplacement sur la côte d'Azur près d'Antibes, je suis retournée près de l'endroit où j'ai passé mes étés d'enfance. L'occasion aussi pour moi de porter un regard plus adulte sur des endroits que j'avais surtout retenu pour leurs manèges ou leurs marchands de jouets...
En fait, cours d'urbanisme à l'appui, c'est assez frappant : la Côte d'Azur est un parfait exemple d'urbanisation sans réglementation, puisque les stations balnéaires s'y sont développées dès le début du 20e siècle, bien avant la loi littoral qui a tenté de limiter l'urbanisation près des côtes... Et pourtant, dans le droit français, le bord de mer est à tout le monde et ne peut pas être privatisé.
Réflexion qui ne s'applique évidemment pas pour la vieille ville fortifiée d'Antibes, qui existait bien avant que la notion de tourisme ne soit inventée...
Scannons le littoral entre Antibes et Cannes : la plage, assez mince, est bordée par la route du bord de mer puis par la voie ferrée. Derrière se trouvent les résidences de tourisme, puis les quartiers de villas qui grimpent le long des coteaux. La plage est presque étranglée par la station balnéaire et ses moyens de transports.
Le plus étonnant, en fait, est la quasi-monopolisation du littoral par les plages privées. Officiellement et dans le droit français le bord de mer ne peut pas être privatisé : les plages privées ont donc installé transats et parasols sur le sable, et proposent un service de boissons / restauration en échange d'une (pas si modeste) contribution... Officiellement le sable y est à tout le monde, et pourtant personne n'ose vraiment s'y investir. Ceux qui ne souhaitent pas payer sont condamnés à s'entasser (comme moi et ma famille jadis) sur les quelques plages publiques, minoritaires le long du littoral.
Le tourisme haut-de-gamme et les résidences secondaires ayant été à l'origine du mouvement touristique, de nombreuses villas (notamment autour du cap d'Antibes) ont monopolisé le bord de mer, à tel point qu'on peut se promener à deux pas de l'eau sans le savoir... Et sans toujours pouvoir y aller.
Et pourtant, que de souvenirs entre Vallauris et Juan-les-Pins ! Les plages bondées et l'eau boueuse ne me faisaient pas peur. J'en suis suffisamment nostalgique pour prendre le risque d'y revenir un jour en vacances, à l'occasion... Ce petit saut en plein beau temps, alors qu'il pleut partout en France, m'en a en tout cas bien donné envie.