Tiki pop, le mythe polynésien à la sauce américaine

Le weekend dernier était l'occasion de sortir de notre tannière pour profiter du beau temps dans Paris... Enfin, profiter du beau temps, pas vraiment, car nous nous sommes enfermés dans le musée du Quai Branly. Ce qui nous a décidé à faire le long chemin depuis la lointaine banlieue : une exposition au thème alléchant, Tiki Pop.

Et voilà, avec trois visites, le Quai Branly devient officiellement le musée parisien que j'ai le plus visité ! Pourtant ce n'est pas celui que j'apprécie le plus dans son ensemble... Mais rien à dire, il propose souvent des expositions bien senties !

Le thème d'ensemble avait l'air très pointu, mais il parle en fait à tout le monde : le mythe du paradis tropical dans la société de consommation. Et plus particulièrement le Pacifique Sud, essence de ce mythe. Parti de quelques précurseurs (en partie français, cocorico !), il se déploie dans l'art : peinture, littérature, puis le cinéma d'Hollywood du début du 20e siècle.

Aux Etats-unis, ce mouvement a pris une ampleur particulière entre la 1e Guerre Mondiale et les années 1960, avec une déclinaison massive dans la société de consommation : bars et restaurants à thème, puis goodies, bowlings et résidences, parcs d'attractions... Le mythe a ses icônes : la vahiné, le cocktail à base de rhum, et très curieusement pour nous français, le tiki (icône païenne). Les cultures des mers du Sud sont reprises et déformées, d'Hawaii à la Nouvelle Zélande en passant par Tahiti, mais qui les connait assez pour remarquer les inexactitudes et les raccourcis ?

Avec notre regard d'européen, il est amusant de découvrir que depuis les années 1970, le polynésien tiki est considéré comme ringard pour les américains. Les mugs bambous ou tikis abondent désormais dans les vide-greniers ! En France, le mythe du paradis du Pacifique Sud est resté coincé entre les vahinés de Gauguin et Robinson Crusoe... Avec notre regard de ce début de 21e siècle, on est presque surpris de découvrir une époque où le citoyen était avant tout consommateur. Consommer était une fin en soi et acheter des interludes de paradis tropical, même contrefaits, semblait suffire au bonheur...

En bref, voici une exposition instructive pour les amateurs de culture américaine, ou ceux qui sont simplement curieux de savoir ce qui se cache derrière leur envie d'aller siroter un cocktail à Bora Bora !

Plus d'informations ici, sur le site du musée. L'exposition se tient jusqu'au 28 septembre 2014.