Le long du canal des esclaves
Voilà une balade qui vaut le coup : imaginez vous le long d'une petite voie d'eau, sur un muret en pierre d'environ 40 cm de largeur, dans une jungle luxuriante entre morne et vide. Vous avancez en suivant les méandres de la paroi d'un morne, le dénivelé est minimum, l'air circule... Bref, bienvenue le long du canal de Beauregard.
Si de l'eau coule sagement ici, c'est au prix du travail acharné de nombreux esclaves. Le projet initial ? Amener de l'eau vers les distilleries de la baie de Saint-Pierre. Quand on voit ce canal, improbable sur le flanc de sa falaise, on ne peut qu'imaginer le labeur de ceux qui l'ont construit à mains nues sans rémunération aucune.
Si la balade est relativement peu recommandée par les guides, malgré le faible dénivelé et sa durée plutôt raisonnable (compter 2h aller-retour), c'est à cause du vide : comme dans un sangle de Chartreuse, on avance sur un chemin étroit (le muret) avec d'un côté l'eau, et de l'autre un vide variable, jusqu'à plusieurs dizaines de mètres. Mais avec un peu de prudence et une fois le léger malaise du début passé, le trajet est un vrai plaisir. Au final la balade est un de mes souvenirs les plus forts de Martinique, deux séjours confondus.
En plus on peut faire à mi-parcours une pause au relais de la Maison Rousse, petit hôtel charmant perdu au milieu de la vétégation. Une pause parfaite avant de poursuivre vers le réservoir à l'origine du canal ou, comme nous, de faire demi-tour et revenir vers le point de départ...