Hawai'i, le tourisme tiki-décomplexé

J'ai l'habitude d'introduire mes récits de voyages avec quelques notions clés, des impressions générales, qui donnent le ton pour les résumés plus ciblés à suivre. C'est plus difficile avec Hawai'i... Ou plus simple, parce que je n'ai qu'un seul grand étonnement au-delà de mes clichés pré-départ. 

Cette surprise hawaiienne, c'est sa culture du tourisme. Déjà, éloignement oblige, les européens sont rares (allez savoir pourquoi, les allemands avaient l'air d'être les principaux représentés). Le tourisme est très essentiellement américain, et un peu asiatique, et notre regard était extérieur. Et tout ce monde approchait ses vacances avec une posture très ouverte, un kitsch assumé auxquels je n'étais pas habituée.

 

J'en profite pour illustrer mon propos avec toute la diversité des produits que vend la filière tourisme hawaiienne, du must-buy à l'inattendu !

Il y a la manière de consommer : acheter et porter une chemise qui pique les yeux, c'est possible et personne ne s'en prive. Porter sur place un T shirt "I love Waikiki", c'est presque obligatoire. Dormir dans un hôtel tiki-kitsch, un grand classique. Etonnant pour moi qui cachais honteusement mes achats dans la valise, mais valorisais plutôt mon tourist wear lors de mes vacances suivantes ! Il n'y a qu'un seul lieu de ma connaissance où ces pratiques s'observent : Disneyland. Le pire, c'est que c'est très décomplexant : il n'y a aucun blocage à verser dans le kitsch (boire un cocktail dans un ananas en portant un débardeur "I was in"), aucune honte à montrer que l'on est venu pour les vacances. Et le marketing suit très bien la tendance : je crois bien que je n'avais jamais autant eu envie de céder à la tentation de l'achat !

 

Il y a aussi une connivence entre touristes, surtout les touristes américains. C'est une révolution pour moi qui fais partie de la catégorie de français qui préfère ignorer qu'elle a vu un compatriote à l'étranger plutôt qu'aller le voir pour discuter, comme sous le coup d'une sorte de peur que cela dénature le voyage. Dans un hôtel de Hawai'i, difficile d'entrer dans un Jacuzzi ou un lieu d'attente, ou de faire une randonnée sans se voir demander : "where d'you guys come from ?" "Is it your first time here?". Cette dernière question est presque un réflexe : Hawai'i, c'est la Martinique ou la Guadeloupe des USA et la plupart des voisins de Jacuzzi étaient des récidivistes, avaient leur île fétiche, leur hôtel préféré, etc. Ici encore, l'expérience est plus que positive : jamais encore on n'avait fait autant de rencontres en un voyage.

Enfin, dernière surprise, ce tourisme massif et consommateur n'entre pas tellement en collision avec la vie locale. Enfin, cela dépend des îles : plus la côte est sauvage, moins elle est peuplée, plus l'hôtel club installé à ses portes se démarque. Certaines régions refusent ouvertement les développements immobiliers (Keep the country country !). Mais il y a de nombreux ponts entre les deux rives : notamment la chemise hawaiienne n'est pas un mythe, elle est bel et bien portée par les autochtones ! Et puis il y a la culture du surf qui amène une autre forme de tourisme sur les côtes en hiver, un peu plus sectaire mais plus ancrée localement.