La Norvège en quelques contradictions

Et nous voici de retour, juste à temps pour accomplir nos devoirs de citoyens dans les urnes. Cette parenthèse norvégienne fut une vraie coupure, démonstration pour les voyageurs long courrier que nous sommes qu'on peut rester en Europe et s'offrir un dépaysement total. Voici un premier compte-rendu. Parce qu'il faut bien l'organiser, il tourne autour de trois contradictions.

Hors saison ou meilleur compromis ?

Niveau clichés, la Norvège littorale a tenu ses promesses : nous avons eu droit à des paysages grandioses, de la faune sauvage à portée d'yeux (même si j'ai manqué les apparitions d'orques, ô frustration !), une aurore boréale sur fond de début de soleil de minuit, un niveau de neige croissant à mesure que nous avancions vers le Nord, du poisson à toutes les sauces (saison de pêche au cabillaud oblige)... Et pourtant nous étions hors saison. On nous annonçait mauvais temps et ni soleil de minuit, ni aurores boréales, ni sports d'hiver, ni rando (réservées aux deux saisons touristiques que sont l'été et l'hiver). Bref, même s'il faut faire un pari sur la météo et s'attendre à des villes peu animées (surtout au Nord) je peux recommander chaudement le printemps pour avoir un aperçu relativement complet de ce que le littoral norvégien a à offrir, avec en bonus le sentiment de voir les villes et villages se réveiller d'un longue période d'hibernation. Et en plus, le voyage coûte moins cher (bonus non négligeable quand on voit le coût de la vie dans ce pays).

Ma seule photo potable d'aurore boréale. Malgré le ciel crépusculaire, il était presque 1h du matin !

Ne prenons pas les poissons pour des drakkars

Une surprise néanmoins : nous étions venus avec des clichés de vikings et de mythologie nordique, mais mis à part les noms des entreprises et de certains produits cette part de l'histoire a peu laissé de traces par rapport à l'époque médiévale qui fut surtout basée sur... Le commerce de la morue. Attendez-vous à ce que je parle régulièrement de poisson séché par ici dans les semaines à venir.

Morue séchée dans les Lofoten (archipel-coup de coeur de ce voyage)

Progrès social, économie fossile

Enfin, nous avons pu observer que la Norvège est un parfait exemple de culture moderne scandinave, avec un grand souci du développement durable (des voitures électriques et hybrides jusque dans les patelins les plus paumés du grand Nord, presque pas de pick-ups ou 4X4 !), le respect des goûts et choix de chacun (menus sans gluten et vegan jusque sur notre petit bateau !) et l'intégration fascinante d'une des dernières ethnies sans frontière d'europe, les Sami. Et pourtant, depuis notre bateau il était impossible d'oublier les deux piliers de l'économie du pays : les énergies fossiles (la richesse du pays aujourd'hui est surtout fondée sur les gisements de gaz et de pétrole) et le poisson. La pêche est tellement ancrée dans la culture qu'il est difficile pour les norvégiens d'abandonner certaines pratiques contestées comme la chasse à la baleine ou au phoque, et l'aquaculture qui s'est beaucoup développée récemment pose des questions sur l'écologie des fjords qu'elle investit. A ce niveau la Norvège me rappelle un peu le Japon, lui aussi doté d'un respect (religieux pour le coup) de la nature et d'une culture de son exploitation (il chasse aussi la baleine).

Plate-forme pétrolière de fjord, à deux pas de la ville de Kristiansund

Il ne me reste plus qu'à faire le tri habituel des photos et voir comment organiser un compte-rendu plus détaillé. La suite arrive très bientôt !