Derrière les façades de Bryggen
En me documentant sur Bergen, je lisais qu'il fallait absolument voir le petit quartier historique de Bryggen, souvent assorti d'une photo de jolies façades en bois très scandinaves. Tout ça me paraissait bien sympathique, mais vu la taille du quartier je me disais qu'on se contenterait d'un petit tour rapide, quelques photos et basta.
Erreur ! Bryggen est en fait un petit joyau architectural, et il témoigne d'une histoire riche et originale impliquant le pétrole historique de la Norvège : la morue.
Déjà, il suffit de passer les façades extérieures de Bryggen pour se retrouver dans un mini-dédale de ruelles tout droit sorti du Moyen-Age avec façades à encorbellement qui cachent le soleil, murs penchés et poulies depuis tous les étages. Et le plus étonnant ici est que tout est en bois, de la structure des bâtiments au sol ! Odeur de chalet savoyard garantie, encore plus intéressante quand il pleut (ça tombe bien, il pleut beaucoup à Bergen). C'est un petit miracle que ces quelques ruelles aient survécu à ce stade, surtout quand on regarde la liste des incendies et autres sinistres qui ont petit à petit grignoté leur périmètre.
Mais pourquoi des bâtisses pluricentenaires ont-elles survécu à ce jour, alors qu'ailleurs en Europe elles ont fini démolies pour permettre aux villes de se moderniser ? C'est ici qu'on commence à creuser l'histoire de Bergen, et devinez quoi ? Elle est très intéressante. Je suis fascinée par les villes-Etat qui ont fait leur fortune sur le commerce international (Venise, Amsterdam...) et je ne m'attendais pas à en trouver une ici. Ce n'était pas un Etat à proprement parler, mais un comptoir de la Ligue Hanséatique, cette association de marchands Allemands qui régula le commerce autour de la mer Baltique entre le XIIe et le XVIIe siècle.
C'est simple : Bergen concentrait les stocks de poisson séché, amenés par les pêcheurs norvégiens en échange de biens de consommation courante (fil de pêche...). Ici, les marchands allemands de la Hanse l'exportaient à prix d'or vers Hambourg et les autres comptoirs européens. Le quartier de Bryggen était celui de la Hanse : ici vivait une communauté allemande qui prenait garde de ne pas trop se mélanger aux autres. C'est parce qu'il servait à stocker et travailler le poisson qu'il a continué à servir bien après la dissolution de la ligue, au point qu'au moment où il a cessé de servir on commençait à se préoccuper de protection du patrimoine historique !
Deuxième photo : ça ne serait pas un poisson séché sur le blason de la Hanse ?
La visite des monuments qui demeurent est très intéressante, car il y a de beaux restes à voir et des explications réduites au nécessaire. Outre les ruelles de Bryggen, il y a aussi un musée de la Hanse avec des ateliers et des appartements de travailleurs et une magnifique salle d'assemblée tout droit sortie de Winterfell (qui ne se visite que le dimanche, coup de chance nous étions sur place au bon moment !).