SoHo et Chelsea: reste-t-il un quartier d'artistes à Manhattan ?

(Le choc des titres, pour donner l'impression que j'ai étudié profondément le sujet... Vieille technique d'universitaire...) Voici le secteur que j'ai sans doute préféré lors de ma semaine new-yorkaise : l'Ouest de Downtown situé entre SoHo, qui tire ingénieusement son nom de sa localisation (SOuth of HOuston Street), et Chelsea, en passant par Greenwich Village et le Meatpacking district. Géographiquement, ce sont les quartiers "bas" situés côté Hudson River entre les deux forêts de gratte-ciels que sont la Pointe Sud de Manhattan et Midtown (vous suivez ?).

Ce secteur a la particularité d'être l'un des plus créatifs de la ville : galeries d'art et de design, musées, et coins à bars y sont légion, ils accueillent pèle-mèle des habitants fortunés, des jeunes branchés et étudiants, des artistes et une importante communauté gay. Ce qui est intéressant, c'est que ces quartiers ont quasiment vu naître le phénomène de gentrification, autrement dit l'apparition des bobos, la hausse des loyers et finalement le départ des moins riches. A deux stades différents, avec deux identités différentes :

SoHo est le plus ancien des deux quartiers bobos : protégé dès les années 1970, il propose aujourd'hui une architecture fantastique marquée par l'industrie du vêtement. Les bâtiments y ont notamment été recouverts de squelettes de fonte, une spécialité New-yorkaise qui, il fait avouer, en met plein les yeux. Le quartier a été colonisé par les galeries d'art et, progressivement, les magasins de produits de luxe (comme cette boutique de Lamborghini à deux pas de notre hôtel...). S'y côtoient aujourd'hui petits restaus pas cher et bars où il vaut mieux regarder la carte avant d'entrer. Mais il est dit que les loyers y sont si élevés qu'y vivre est devenu le privilège d'une minorité...

Le "réveil" de Chelsea est bien plus récent. Contrairement à son frère du Sud, ce quartier joue la carte de la diversité (il a notamment une solide réputation de quartier gay). L'architecture y est plus proche des clichés que l'on a de New York mais ici encore, l'industrie a marqué le paysage. Cet héritage a d'ailleurs été récupéré avec brio au travers de deux récentes réalisations : le Chelsea Market, centre commercial aménagé dans l'usine Oreo historique (trop la classe), et la High Line, ancienne ligne de chemin de fer qui desservait les usines du quartier reconvertie récemment en promenade, un peu à la façon de notre promenade plantée parisienne (...dont il faudra que je parle ici un jour, tiens).

Promenade quelques étages au dessus de la rue, avec un décor "imitation vieille voie ferrée en friche" du meilleur effet...

En somme, ces deux quartiers sont magnifiques à visiter, et l'on y ressent deux ambiances bien distinctes, plus calme et chic à Soho ; plus jeune et branchée à Chelsea. 
Cela dit, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il n'y a pas de solution à "l'embourgeoisement" des quartiers, qui n'arrivent pas rester vraiment mixtes, originaux et créatifs plus longtemps que le temps d'une transition entre le quartier craignos et le quartier chic...

Comments

[maman]

Très intéressante ta vision des Etats Unis, version urbaniste en plus ! A quand la suite ?