Sa majesté Vésuve

Bien avant d'aller en Campanie, j'avais une fascination pour un bout de cette région : le Vésuve. Déjà par les cours de latin qui m'ont appris pour la première fois ce qu'était une éruption avec celle qui ensevelit Pompéi, et puis parce que j'aime les volcans tout court. Impossible de passer à côté lors de nos récentes vacances sur place !

Le Vésuve est de toutes façons immanquable dans la région : visible dès l'atterrissage de l'avion, et d'à peu près partout dans la baie de Naples, il domine une agglomération dense de plusieurs millions d'habitants (2,5 à 5 millions selon les périmètres pris en compte, soit plus que l'agglomération de Lyon par exemple). Sa silhouette arrondie n'est pas celle du volcan que connurent les Romains : la fameuse éruption de 79 (tout court après JC) lui fit perdre près de la moitié de son volume, et l'imposante montagne de 3 000 mètres d'altitudes devint l'actuel cône imparfait qui ne dépasse pas 1 300 mètres.

En fait, le Vésuve est le seul volcan actif d'Europe continentale, tous les autres étant situés sur des îles. Et pas qu'un peu actif : sa dernière éruption remonte à 1944, année où se forma le cratère actuel. Plus inquiétant, la baie de Naples constitue une sorte de méga-volcan dont le Vésuve n'est qu'un bout, et qui montre des signes de réveil du côté des Champs Phlégréens, à proximité directe des quartiers centraux de Naples. Pas étonnant que ce soit l'un des volcans les plus surveillés au Monde !

La vue depuis l'avion donne une idée de la densité de population au pied de la montagne

En dépit de tout, le cratère du Vésuve, actuellement plutôt calme, se visite. Pour l'atteindre il faut suivre une magnifique route sinueuse au milieu de forêts d'acacias (hélas une partie de la forêt semble avoir brûlé récemment), payer 6€ de parking puis 2€ de navette jusqu'à un guichet où vous paierez 10€ pour avoir le droit d'accès au sommet. La balade vers le cratère dure environ 2 heures aller-retour, le long d'un sentier facile (pas plus de 200 m de dénivelé) et bondé (des bus entiers d'excursionistes venus entre autres des bateaux de croisière se garent directement à l'entrée du chemin). Mais la vue au sommet fait oublier la foule et la complexité de l'organisation : on se trouve sur une arrête entre d'un côté la baie de Naples, visible de la métropole à la péninsule de Sorrente en passant par Pompéi, et de l'autre un cratère sulfureux d'où s'échappent encore des fumées. 

Et puis cette première aventure dans la région nous a donné un aperçu de l'esprit napolitain, qui compense un faible formalisme par une grande chaleur humaine. Le cratère étant fermé pour cause d'orage à notre première visite, le guichetier nous a laissé revenir gratuitement quelques heures plus tard, après une succulente pizza dégustée un peu plus bas. La redescente des lacets à l'avant d'un minibus bondé, sans ceinture de sécurité avec un bébé sur les genoux, à côté d'un conducteur qui écoute à plein volume du rap italien, est une expérience que je n'oublierai pas.