A bord du Göteborg

Il y a quelques semaines, j'ai appris un peu par hasard qu'un navire tout droit sorti du XVIIIe siècle était de passage à Nice pour quelques jours. Ni une ni deux, nous avons transformé un dimanche prévu tranquille en expédition familiale pour aller voir cette curiosité architecturale.

 

Le Göteborg est présenté comme le plus grand voilier en bois naviguant au Monde, et comme une reproduction très fidèle d'un bateau historique. Effectivement, il a été reconstruit sur le modèle d'une épave retrouvée au large des côtes suédoises, ancien navire de commerce ayant déjà voyagé jusqu'en Chine. La reconstruction s'est inspirée au maximum des techniques de construction de l'époque, et cela se voit : le pont et les cordes sont imperméabilisées au goudron et les salles intérieures sentent la cire qui entretient la charpente.

 

La visite est une immersion réussie : de loin, le vaisseau détonne dans le décor du port de Nice, même s'il n'est pas forcément le plus gros du port (on vit quand même dans la région des superyachts !). De près, il coche toutes les cases du bateau pirate cher à l'imaginaire des enfants, à l'exception du drapeau noir - d'ailleurs, beaucoup d'enfants étaient venus déguisés. Une occasion en or pour faire réviser à mon aîné les éléments clés du voilier historique : mâts, voiles, cordages, figure de proue, canons... Enfin, la visite permet d'appréhender la complexe organisation du navire, dont le pont est totalement dédié aux cordes permettant le maniement des voiles et dont l'intérieur est une fourmilière de couloirs et d'escaliers. Dommage que les quartiers de l'équipage n'aient (logiquement) pas été ouverts au public, j'aurais aimé savoir combien d'étages se cachaient dans ce ventre...

 

Hélas, l'immersion a ses limites. Derrière une communication bien léchée sur le respect des traditions et l'expérience historique, on découvre que le Goteborg n'a pas pu échapper à certaines formes de modernisation. Certaines nécessaires, comme l'électricité à bord et les dispositifs de détection incendie, et d'autres plus marquantes comme l'intégration de deux moteurs + un générateur de secours. L'éco-anxieuse que je suis s'est un peu désolée de constater qu'on a du mal à retourner au transport maritime zéro émissions, même s'il doit être bien commode de pouvoir sortir du port sans attendre que le vent souffle dans le bon sens !