Une technopole dans la forêt

Sophia Antipolis est un cas unique en France. Une sorte de ville nouvelle dédiée aux entreprises, avec un très fort penchant pour les industries de pointe et l'informatique, le tout installé dans une gigantesque pinède collineuse du moyen-pays. Sophia Antipolis était le cluster exemplaire de mes cours d'urbanisme, le seul qui aurait réussi, notre petite Silicon Valley à la française, loin de Paris qui plus est. A présent que j'habite à côté, que F. y travaille au quotidien et que j'ai l'occasion de pratiquer le lieu ponctuellement, je peux enfin me faire un avis concret de la chose. Voici ce que la technopole modèle offre aux yeux de celui qui y travaille.

Difficile de s'y repérer ! Depuis sa voiture, toutes les routes se ressemblent : sinueuses et dans la forêt. Ajoutez-y le relief vallonné qui empêche d'avoir une vue d'ensemble et des noms de route qui se ressemblent (les dolines, les crêtes...) et vous obtenez un endroit dont on se demande comment il fonctionnait avant l'invention du GPS, du moins pour les primo-accédants. 

Un cadre de travail plutôt sympa : l'urbanisation initiale de Sophia Antipolis aurait suivi la règle du tiers d'espace bâti pour deux tiers non construits (ce qui semble inclure les parkings, mais bon), et cela se sent. Depuis son bureau on a souvent vue sur la forêt et parfois même des chances d'apercevoir des sangliers au coucher du soleil. Tout le monde n'apprécie pas forcément cette configuration, mais en ce qui me concerne je troquerais volontiers mon bureau de centre-ville pour une fenêtre avec vue sur la nature !

Le royaume de la voiture : la contrepartie, c'est que Sophia Antipolis est surtout accessible en voiture. Et pourtant elle se trouve à une petite dizaine de kilomètres seulement de la mer, aux portes de la ville, et les politiques publiques tâchent de rattraper le retard en investissant dans une ligne de bus en site propre. La technopole dispose aussi d'un joli réseau de pistes cyclables, certaines isolées dans la nature, mais il faut vraiment aimer le vélo pour vouloir grimper les 100 ou 200 m de mètres de dénivelé cumulé pour y accéder depuis la bande littorale (enfin, j'en connais un qui le fait). Ou alors, il faut investir dans un vélo électrique, ce qui n'est pas inintéressant quand on considère les kilomètres de bouchons qui paralysent les entrées de la zone chaque matin et chaque soir. 

Il y aurait encore beaucoup à dire sur Sophia Antipolis, ses quartiers de logements qui s'y trouvent malgré tout, ses espaces naturels prisés des familles le weekend, ses tensions liées à l'urbanisation des dernières réserves foncières... On verra si j'ai l'occasion de creuser le sujet !